"Buczko", extraits

"La nature fait les hommes semblables. La vie les rend différents. Je suis différent. Je suis hors norme. Je suis une mascarade. Un fard qui cache la misère. Qu’est-ce qui a déconné à un moment donné ? Pourquoi du jour au lendemain, quelque chose en moi a dépassé les limites, a pulvérisé ma raison ? Mon entourage y est-il pour quelque chose ? Mes parents ne m’ont-ils pas bien éduqué ? Ma cervelle se creuse les méninges. Un peu trop. Si je pense à tout cela, je deviens fou. Éli me rend fou. Fou de haine, fou d’amour. Oh ma tendre Éli. Pourquoi m’anéantir de la sorte ?
Tu n’as pas compris, Éli. Lorsque mes poignets s’enroulent autour des tiens, ce ne sont pas des chaines d’acier, c’est un plumage cajoleur. Lorsque mon souffle chatouille ton cou, mes lèvres crachent de l’or. Je ne susurre pas des obscénités, je te comble d’amour. Je ne te frappe pas là où tes courbes se dérobent, je te câline. C’est l’alcool qui cogne. C’est la poudre brune qui contrôle.
Pourquoi ne comprends-tu pas cela ?
Le sang coule. Mes poumons sont
je voudrais qu’il meurt
dépecés. J’ai hurlé pendant des heures. Personne n’aura entendu ma tristesse.
Dans ma chambre le mur a bu mon sang et mes viandes. Ma tête crache un liquide chaud. Mes ongles se sont enfoncés dans le ciment. Mes
je voudrais
larmes ont coulé longtemps. Mes
qu’il meurt
cris ont dévoilé ma faiblesse. J’ai tenté de faire abstraction à la haine que tu as envers moi. Une seconde. Je n’y suis pas parvenu.
Pourquoi as-tu écris ces mots si dur ? Pourquoi tant de colère envers moi ? Pourquoi dis-tu souffrir ?
Tu ne sais pas ce qu’est la douleur, Éli. Sais tu seulement ce qu’est la douleur ? Sais tu ce qu’on ressent lorsqu’on est rejeté par tout le monde ? Sais tu combien de fois j’ai prié pour ne pas faire ce que je fais aujourd’hui, pour ne pas penser ce que je pense réellement en cet instant ?
Éli, ma douceur, mon calvaire. Je vais te dire ce qu’est la douleur. La douleur, c’est devoir me purger par de nombreuses entailles et espérer qu’un jour peut-être, quelqu’un ou quelque chose la-haut me pardonnera mes fautes. La douleur, c’est t’aimer au point de me laisser condamner sans m’y opposer, du moment que je sais ton corps recouvert de terre et d’acide, car tu es à moi, Éli. Pour l’éternité.
La douleur, c’est d’être conscient qu’un jour ou l’autre tout sera terminé entre nous.
Oui, mon doux trésor. La douleur, c’est ça. Te savoir loin. Te savoir grande. La douleur, c’est te perdre. La douleur, c’est de savoir qu’immanquablement un jour je te tuerai."

"Buczko", extraits